Il est 16 h. Il vous reste quelques tâches à réaliser avant de quitter votre lieu de travail. Mais vous devez récupérer vos enfants à l’école à 16 h 30. Si vous prenez le temps de terminer ce que vous avez à faire, vous n’arriverez pas à l’heure.
Cette position est inconfortable, mais, pourtant, elle est trop souvent vécue.
Le 11 e baromètre santé et qualité de vie au travail montre qu’un tiers des salariés ont des difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Et cela impacte directement leur bien-être.
Après plus de 10 ans d’activité sous la franchise du réseau national, Marjorie Lefebvre crée Canopée Groupe en 2021.
Pour développer Canopée et réinventer le secteur de l’aide à domicile, Marjorie doit s’investir à 100%.
Son leitmotiv ? “Construire sa vie autour et grâce à ses valeurs”.
Elle décide donc de respecter ses deux priorités : sa vie de famille et l’entreprise. Oui, il est possible de concilier vie personnelle et vie professionnelle, même si celle-ci nécessite beaucoup d’énergie.
Comment ? Marjorie raconte son expérience en quelques questions.
Tu as créé le groupe Canopée. Être entrepreneure et dirigeante est une activité intense, qui nécessite du temps et de l’investissement. T’es-tu fixé des limites à ne pas dépasser pour éviter que cette création et ton métier impactent ta vie personnelle ?
Non, je ne m’étais fixé aucune limite d’amplitude horaire.
Lorsque j’ai créé Canopée, mon mari était en déplacement toute la semaine, je m’occupais de nos trois jeunes enfants. J’ai appris à m’organiser autour d’eux : je travaillais en horaire décalé. Quand ils allaient dormir, une nouvelle journée commençait.
J’ai beaucoup pris sur moi, souvent forcé le destin et puis j’ai travaillé mon expertise pour gagner du temps, autant pour la pertinence que pour l’aspect relationnel.
J’ai tenu bon. Et puis un jour… Mon corps et ma psyché ont commencé à chuchoter pour que je ralentisse le rythme. J’ai fait la sourde oreille. Il a hurlé. Une bombe à retardement s’est lancée…
Au quotidien, comment concilies-tu ta vie professionnelle et personnelle ?
J’ai été diagnostiquée d’une maladie : l’endométriose. J’ai dû adapter mon rythme de vie. Aujourd’hui, il est totalement différent.
Je m’octroie plus de moments de repos. Je prends du temps pour des activités créatives, et de la contemplation pour me reconnecter à moi-même.
Être dirigeante demande une organisation de vie à part entière. Passionnée par mon travail, je l’aborde de manière ludique, je n’ai pas l’impression d’être au travail. J’y développe de la joie, je suis épanouie et je ne compte pas mes heures. Mes enfants savent quand je pars, mais ils ne savent pas quand je vais rentrer.
Lorsque j’ai pris la décision d’entreprendre, je savais que je serais amené à faire des concessions pour atteindre mes objectifs. J’ai pris des engagements auxquels je me confronte chaque jour.
Quel est l’impact de ta maladie sur ta vie professionnelle ? Comment le gères-tu ?
On m’a diagnostiqué une endométriose. Une maladie qui génère beaucoup de fatigue, mais aussi des douleurs chroniques et aiguës. Elle peut me couper la respiration en pleine prise de parole, ou je peux être très fatiguée soudainement, ce qui entraîne une baisse de concentration ou même une absence.
C’est pour cette raison que j’ai fait le choix d’être totalement transparente quant à ma maladie. Ce n’est pas par manque de pudeur, mais, ainsi, les personnes avec lesquelles je collabore peuvent s’adapter à ces contraintes. De mon côté, je peux prendre soin de moi.
Si j’ai besoin d’une sieste ou de ralentir le rythme, alors je l’accepte. Comme chez tout le monde, il y a des hauts et des bas.
Le fait d’en parler et de l’accepter permet aux autres, à mes collaborateurs et collaboratrices, d’accepter d’aller moins bien, de le partager et d’être bienveillants envers un membre de l’équipe qui ne se sent pas bien.
Cela permet aussi de ne pas toujours être dans l’injonction d’être au top.
Ma maladie est ma seule limite. Mais aujourd’hui, je m’estime chanceuse d’être chef d’entreprise malgré elle.
Sur le terrain, les auxiliaires de vie sont des hommes et des femmes qui ont une histoire, une vie privée et parfois des soucis personnels. Comment faire pour que cela n’impacte pas leurs missions et la relation avec les bénéficiaires ?
Chez Canopée Groupe, nous avons des temps d’échanges où chacun·e peut exprimer ce qu’il ou elle ressent. De cette façon, simplement dire « Aujourd’hui, ça ne va pas » permet à l’auxiliaire de vie (AVS) de prendre conscience de son état, mais aussi de le faire savoir à son équipe.
Ainsi, ils font face ensemble, de manière collective. L’auxiliaire de vie ne ressent pas le besoin d’en parler aux bénéficiaires, car elle a trouvé une oreille attentive auprès de ses collègues.
Un collectif bienveillant est puissant. Il a la capacité d’alléger le quotidien.
Trop souvent sous-estimé, il permet aussi de développer un sentiment d’appartenance.
C’est un remède fort lorsque les problèmes deviennent trop lourds à porter seul et que le sentiment de désœuvrement nous submerge.
Aurais-tu un conseil à donner aux futures recrues pour concilier leur vie professionnelle et personnelle ?
Répondez à la question suivante : “quel rapport est-ce que je souhaite avoir avec le travail ?” Soyez au clair avec cette réponse. Et respectez-la.
Le métier d’AVS est un métier d’engagement et d’action, on ne s’ennuie pas. Nous n’avons pas de super pouvoirs, nous n’allons pas changer le monde. En revanche, nous améliorons le quotidien de nos bénéficiaires.
Si vous choisissez ce métier, ce n’est pas pour prouver que vous êtes un super héros ou une super héroïne, mais par passion avec le lien humain.
As-tu un message à faire passer aux bénéficiaires qui sont accompagnés par un ou une auxiliaire de vie ?
La rencontre au domicile est une chance pour tous et toutes. Pour qu’elle se passe au mieux, elle repose sur la confiance et le respect. Aidez-nous à cultiver ces deux valeurs.
Si comme Marjorie le lien humain vous anime, l’équipe Canopée est toujours à la recherche de nouvelles AVS. Avec expérience ou sans expérience, rejoignez-nous !